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4/7/2018

« Fables, formes, figures ». L’exposition qui nous plonge au cœur de l’essence de l’art à la Maison d’Art Bernard Anthonioz de Nogent-sur-Marne.

​            Jusqu’au 13 mai, la MABA, appartenant à la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques, présente une exposition d' Emmanuel Van der Meulen et Raphaël Zarka, pour faire dialoguer les travaux de ces deux artistes et anciens pensionnaires de la Villa Médicis à Rome. Le titre de l’exposition, "Fables, Formes, Figures", emprunte à l’historien de l’art André Chastel est éloquent.
​Fables, parce que tout art est hérité d’une forme de tradition, d’un discours historique qu’il dépasse pour le renouveler et l’enrichir constamment. Formes, parce que toute œuvre s’exprime par une géométrie universelle transcendée par chaque artiste et sa vision singulière. Figures, parce que dès l’instant que l’on tire un trait, que l’on dépose une goutte de peinture sur une toile, l’on fait acte de représentation.  Après avoir visité cette belle exposition avec pour guides privilégiés les deux artistes en personne, nous nous sommes rendues compte de la justesse du titre. En effet, nous avons rencontré deux plasticiens habités par les formes et l’amour de l’art comme moyen de création et d’habitation du monde. 
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De gauche à droite : Raphael Zarka et Emmanuel Van der Meulen à la MABA

 Tradition, histoire, inspirations : l’importance de la géométrie


Pour Raphaël Zarka, l’expérience italienne a été une redécouverte, une renaissance du passé puisque la ville est habitée par tous les signes d’une histoire qui vient se rappeler à vous à chaque coin de rue. Pour lui, Rome a été une confrontation avec le passé, l’histoire, la tradition. L’Italie, c’est la rencontre avec des génies tel le sculpteur le Bernin qui ont une pratique de l’art très complète. L’Italie a fait naître chez Raphaël une passion pour le décor peint et pour le croisement et les interactions entre les arts dits « nobles » selon la classification classique, et les « arts mineurs » comme la marqueterie, l’ornementation. Ce croisement des arts, des pratiques, des traditions et des matières se ressent beaucoup dans son travail pluriel.



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Au sol : R. Zarka : Emma Schoenflies, 2016 / Pierre de Sireuil, 68x85x85 cm - Sur le mur : E. Van der Meulen : Kataweskevi, 2017 / Acrylique - 120x120 cm © Aurélien Mole
Pour Emmanuel, l’Italie a changé sa définition de l’art pour l’augmenter et l’élargir à d’autres disciplines comme la philosophie et l’esthétique. Il est en effet très récent dans l’histoire de l’art d’avoir extrait la notion même de l’art des objets qui le matérialisent. Rappelons que dans l’Antiquité, l’art était quand même très mal vu (rappelez-vous des cours de philo de première avec ce pauvre Platon qui voulait à tout prix bannir les artistes de la Polis, la cité idéale). Mais il faut laisser là l’idée d’une tradition réductrice et toute-puissante, et s’en libérer puisque pour l’artiste, « les formes voyagent dans l’histoire, il n’y a jamais d’invention ». Il y a une sorte de schéma universel des formes qui ne meurent jamais, elles sont éternelles, polymorphes et nous collent toujours à la peau. Les formes ont plusieurs vies, elles traversent les époques. Elles peuvent « aller dans le réel puis retourner dans l’art ».  On navigue toujours entre l’imaginaire et le réel, et c’est par le truchement des formes que surgit le miracle de l’incarnation, celui de la création, de l’art.
Raphaël nous rappelle qu’il ne faut pas oublier la forte dimension sociale de l’art. En effet pour lui « la géométrie, comme l’esthétique, est une construction socioculturelle ». Pour le plasticien, la géométrie est un réceptacle, celui des émotions, des interprétations et de la volonté du peintre.  Un petit peu comme une toile vierge.


"Ce sont les révolutions qui font les artistes"
Pour revenir à la considération de l’histoire et de la tradition, les deux artistes sont guidés par un instinct du bouleversement. C’est pour cela que Raphaël « n’aurai(t) jamais pu être artiste dans les années Trente ». Ce sont les révolutions qui ont fait les artistes.  Par exemple Goethe a longtemps été considéré comme un penseur, occultant son talent de sculpteur, alors que pour Raphaël son geste est identique à celui de Rodtchenko ou de Toni Smith. 

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Mediums, volumes, espaces : débats esthétiques et philosophiques sur l’acte de créer

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R.Zarka : John Mylne & Cie, sculpture en chêne massif, 2018 - © Aurélien Mole
Quand on écoute les deux plasticiens, on réalise que la création est toujours une façon d’habiter l’espace-monde. L’art est une création, matérielle ou intellectuelle. Par la construction d’un objet nait très souvent une appréhension du monde spécifique.
C’est pour cela que la question du medium est au cœur du travail d’Emmanuel et de celui de Raphaël. Comme chez Gilles Deleuze, on pose une question avant de faire quoi que ce soit, il en va de même pour leurs œuvres. Que ce soit la peinture pour Emmanuel ou la sculpture pour Raphael, ce sont des modes d’expression et c’est à partir de cela que les artistes travaillent.  Emmanuel souligne qu’il y a beaucoup de contradictions dans la peinture, comme le fait que ce soit à partir d’outils mathématiques, géométriques, tangibles que l’on crée une illusion d’espace.
Ainsi, « même quand on veut faire quelque chose d’abstrait on n’y arrive pas », parce que la peinture ou la sculpture est toujours connectée, d’une façon ou d’une autre, à une forme de réalité. C’est ici qu’intervient la question du volume : une profondeur apparait même quand on travaille sur une surface plane. C’est la magie de l’art !

La réponse que lui fait Raphaël est celle-ci : « il y a quelque chose d’assez puriste dans ton travail ». Ce « quelque chose » pourrait être une pratique très précise de la peinture, et toujours articulée autour de l’espace. C’est en cela que leur rapport aux sources est très différent, « Je pourrais mettre l’objet au centre mais ça ne serait pas l’histoire ». Raphaël ne pourrait prendre l’histoire comme médium, alors qu’Emmanuel travaille la matière historique pour la transcender. Il oriente son intérêt sur le « comment » les peintres ont traité l’espace et le volume. Habité par la Renaissance et la perspective, il reprend beaucoup la forme du polyèdre dans son travail. Son étude porte sur la géométrie dans l’espace pour faire apparaître des « monuments polyédriques » qui sont en fait des allégories de la perspective.  Ses photographies montrant l’évolution d’une sculpture de papier, virtuelle et qui trouve ensuite le moyen de s’incarner dans trois dimensions est fascinante.  Mettre en avant les matériaux est primordial dans son travail dans lequel tous les matériaux et toutes les dimensions sont libres. Il reprend des objets de la réalité qui ont une fonction précise, et qu’il identifie comme sculpture.

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Art, regard, connaissance : qu’est-ce que l’art ? 

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R. Zarka : Les mains d'Hanna, 2016 / Sculpture en pierre d'Avy, 63x63x63 cm E. Van der Meulen : Qiyr, 2018 / acrylic on canvas, 140x140 c m © Aurélien Mole
​Il est passionnant d’écouter le dialogue entre Emmanuel et Raphaël sur l’art et la géométrie. Si d’après Raphael, « au départ il y a un accident volontaire », pour Emmanuel il y a aussi cette confrontation avec le monde extérieur puisqu'il affirme que « pour que cela fasse tableau, à un moment, il faut autre chose ». Tout vient du chaos, de l’accident, du surgissement du nouveau, du dangereux, de l’inconnu. Mais pour qu’il y ait création, il faut être attentif à ces accidents, savoir les remarquer, les apprécier. L’art est donc la rencontre entre le hasard et le construit, entre ce qui est réfléchi et ce qui est inattendu. « Il faut un protocole pour mettre en place le hasard » d’après Raphaël. 
" Ce n’est pas l’art qui est intéressant, c’est ce qu’il nous apprend sur le monde "
​Nous avons interrogé les plasticiens sur leur définition de l’art. Pour Emmanuel, « l’art est un outil de connaissance mais pas seulement » puisqu’il demande une forme d’humilité, contrairement à la considération actuelle de l’artiste omnipotent et démiurgique. La pensée actuelle, pour l’artiste, est obsédée par l’utilitarisme. De cette façon, « il ne s’agit pas de tordre la matière pour lui faire dire ce que je veux. C’est une négociation. Et si je gagne, c’est que j’ai fait un mauvais tableau ». A nouveau, nous retrouvons cette distinction entre la France et l’Italie car « en France, on préfère l’idée sur les choses aux choses elles-mêmes. En Italie, c’est simplement la beauté qui l’emporte. Qu’est-ce que c’est que regarder quelque chose ? Un tableau, une sculpture, l’art c’est poser cette question. C’est se laisser submerger ». L’art serait alors la proposition d’une expérience sensible contemplative au sein de la forme. Il s’agit de chercher à donner sens à notre existence. De lui donner forme. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’aucun mot ne pourra jamais épuiser l’expérience du tableau. « Ce n’est pas l’art qui est intéressant, c’est ce qu’il nous apprend sur le monde ».

En somme, créer une œuvre c’est voir le monde. Emmanuel soutient que « Je ne pense pas que tout est visible. La peinture est un prétexte à l’exercice de la vision ». Raphaël poursuit « on se fabrique tous notre contemporanéité. Derrière un tableau il y a toujours une vision de la peinture. L’histoire de l’art est faite de fables, elle est mythifiée mais on peut faire des choses vraies en partant de mythes ». 

Allez donc faire un tour à l’exposition « Fables, Formes, Figures » dans la posture d’un italien, et laissez-vous submerger !

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Agathe Perreau


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